« Vous avez le respect de tous, l’affection de beaucoup ». Ces qualités valent à Édouard Le Conte (1876 – 1960), entré à la Cour des comptes après le concours de 1902, d’être nommé premier président au moment où la Seconde Guerre mondiale vient de se terminer. Avec lui, l’institution retrouve un fonctionnement normal au moment où une vague de réforme secoue le secteur public et la touche de près. Profondément humain, s’efforçant de rester serein dans les épreuves, Édouard Le Conte laisse des Souvenirs qu’il destinait avant tout à sa famille et qui viennent d’être publiés. Ses carnets de guerre de 1914-1918 complètent son portrait.
La carrière d’Édouard Le Conte s’inscrit dans celles d’une longue lignée de magistrats au service de l’État et de membres de la Légion d’honneur (six légionnaires de père en fils au sein d’une famille qui compte quinze membres de l’Ordre), faisant suite à une dynastie de négociants (XVIIe et XVIIIe siècles) ruinée par la Révolution française.
L’arrière grand-père d’Édouard, Nicolas-Louis (1755 – 1842 ; chevalier de la Légion d’honneur en 1821), intègre le conseil de préfecture de la Seine sur recommandation de son cousin germain par alliance Maret, duc de Bassano, en 1810 et le quitte en 1830.
Le grand-père, Louis (1786 – 1847 ; chevalier de la Légion d’honneur), président fondateur de la banque Le Conte qui restera dans la famille durant une centaine d’années, est également président du tribunal de commerce de Châlons-en-Champagne et capitaine d’artillerie de la garde nationale (après 1830).
Le père d’Édouard, Jules (1848 – 1913 ; chevalier de la Légion d’honneur, officier d’académie) est le premier des Le Conte à intégrer la Cour des comptes, en 1872, et il la quitte en 1909 avec le grade de conseiller-maître.
Philippe (1907 – 1992 ; commandeur de la Légion d’honneur et croix de guerre 1939-1945), fils d’Édouard, est le dernier à intégrer ce grand corps ; il le quitte en 1978 avec le grade de président de chambre. Comme l’a dit le Procureur général Crépey dans son éloge en 1978 : « fait sans doute unique dans nos annales, depuis 1872 donc 105 ans, sans discontinuité et à travers trois générations, les Le Conte ont siégé et lui ont fait honneur. »
Cette tradition familiale liée à la magistrature a été rompue par le frère et par les fils de Philippe. Hubert (1910 – 1993 ; officier de la Légion d’honneur), ingénieur agronome, a exercé à la Caisse des marchés de l’État. Jérôme (né en 1952 ; chevalier de la Légion d’honneur et du Mérite, 6e légionnaire), X-Ponts, s’est tourné vers la direction de grands groupes internationaux. Notre confrère Matthieu (AHH 819) est l’un de ses neveux.
Armes : de gueules à deux cœurs d’or en chef et un croissant d’argent en pointe, au chef cousu d’azur chargé de trois étoiles d’or.
Bulletin de l’AHH, n° 60, 2019.