Originaires de Normandie, où ils exploitaient des terres au XVe siècle, les Méneval, dont le nom patronymique était Varquain ou Varquin de Méneval, se retrouvent dès 1640 à Paris avec une charge de contrôleur des vins et alcools pour l’Île-de-France. À ce titre, ils étaient bourgeois de Paris. Ils habitaient 9 rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, aujourd’hui rue Visconti. Ayant du bien, les enfants avaient pu faire de bonnes études.

Première génération

C’est ainsi que Claude François Menneval, né le 2 avril 1778, fut suivi par une gouvernante anglaise et un précepteur, ami de la famille, M. Palissot de Montenoy, écrivain en vogue, familier des philosophes et plus particulièrement de Rousseau et de Voltaire. Féru de belles-lettres, le collège Mazarin ayant été fermé à la Révolution, Menneval se cultiva grâce à Palissot, qui l’introduisit dans les salons littéraires où il fit la connaissance de Louis Bonaparte, colonel au 6e régiment de dragons. Atteint par la conscription, le jeune homme fît un service militaire court de 6 mois ; Louis Bonaparte le recommanda alors à son ami Roederer, conseiller de Bonaparte. Méneval entra au Journal de Paris, propriété de Roederer, en 1799. Il rendit aussi quelques services à Joseph Bonaparte, qui finit par se l’attacher comme secrétaire en 1800. (Ambassadeur extraordinaire du Premier Consul, Joseph Bonaparte signa les traités de Lunéville avec l’Autriche en février 1801 et d’Amiens avec l’Angleterre en mars 1802.) Parlant anglais, excellent et rapide rapporteur des paroles prononcées par les intervenants, le jeune secrétaire devait commencer une belle carrière.

Le 3 avril 1802, Méneval entrait au cabinet du Premier Consul. Il y resta onze ans, participant jusqu’en mars 1813 à toutes les batailles de l’Empire, travaillant jour et nuit à la rédaction de lettres, dépêches et rapports destinés aux ministres, aux maréchaux, aux rois et princes de la famille Bonaparte, comme aux rois des familles princières en Europe. Il avait si bien l’habitude des phrases de Napoléon, que celui-ci lui jetait à la volée le canevas des textes que le secrétaire composait puis faisait signer par le maître. On lui doit plus de 80 000 lettres et rapports. Premier secrétaire, chef du portefeuille, Méneval participa au traité de Tilsit, en juin 1807, et à l’entrevue d’Erfurt en septembre et octobre 1807. En 1808, il était en Espagne, en 1812, il faisait la campagne de Russie, d’où il revenait malade. Étendu sur un traîneau, plusieurs membres atteints de gelures, Méneval rentra en France en octobre.

Trop fatigué, il demanda sa mise en disponibilité à l’empereur Napoléon, qui, à contrecœur et pour l’avoir toujours près de lui, le nomma secrétaire aux commandements de l’impératrice Marie-Louise en mars 1813. C’est à ce titre qu’il suivit Marie-Louise et le roi de Rome à Vienne en mars 1814. Voyant la trahison de celle-ci, il demandera à Metternich de revenir en France. En avril 1815, lors des Cent-Jours, il reviendra comme conseiller au cabinet impérial et assistera, la mort dans l’âme, à la chute de l’Empire en juin 1815. Il fut empêché de rejoindre Napoléon par le gouvernement provisoire et les Anglais.

Faisant construire le château de Gif-sur-Yvette, il y prendra sa retraite en entretenant des relations suivies avec les membres en exil de la famille Bonaparte et en écrivant ses mémoires. Il mourut de 6 juin 1850 à Paris. Il avait reçu la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 28 avril 1806 au palais de Saint-Cloud et avait été fait officier de la Légion d’honneur le 10 avril 1819. Baron en 1810.

Deuxième génération

Son fils aîné, Napoléon-Louis, baron de Méneval (1813 – 1899), fit d’excellentes études et sortit de l’École polytechnique en 1832. Il choisit l’École d’application de l’artillerie et du génie et rejoignit la direction du 1er corps de l’artillerie à Strasbourg.

Capitaine, il fut nommé à l’état-major particulier du Prince-Président, Louis-Napoléon, le 14 janvier 1849, en tant qu’officier d’ordonnance. Il participa au coup d’État du 2 décembre 1851. Très lié avec le général de Lawoestine, commandant en chef de la garde nationale, il apporta dans la nuit du 1er au 2 décembre, un ordre de la main du Prince-Président au colonel Vieyra, chef d’état-major de la garde nationale, ordre qui lui demandait de s’opposer à toute prise d’armes des régiments de la garde. Il fit la liaison avec les différents chefs de corps pour les dissuader de sortir de leurs casernes. Cette mission réussie lui valut la nomination au grade de chef d’escadron en 1852. Nommé lieutenant-colonel en 1858, commandant le 8e régiment d’artillerie monté à Paris, il fut, de 1859 à 1863, détaché auprès de l’empereur Napoléon III comme préfet du palais avec le grade de colonel. De 1863 à 1868, il fut envoyé au corps d’artillerie de Mézières, puis nommé directeur de l’École d’artillerie à la Fère. La guerre de 1870 le surprit dans ses fonctions, mais malgré une belle résistance des officiers et élèves de cette école, il fut fait prisonnier et envoyé en Belgique. Bien qu’il ait été proposé au grade de général de brigade, il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite en octobre 1870.

Chevalier de la Légion d’honneur le 2 décembre 1850 et officier le 14 août 1860.

Troisième génération

Napoléon Joseph Ernest, 3e baron de Méneval (1849 – 1926), naquit à Paris le 9 janvier 1849. Fils de Napoléon-Louis, colonel d’artillerie de Napoléon III, il entra à la direction des archives du ministère de Affaires étrangères le 15 mars 1869. Il fut nommé attaché au cabinet du ministre, section des affaires politiques, le 1er août 1870, mais en raison de la guerre, s’engagea dans l’artillerie. Après cette courte et malheureuse campagne, il reprit la carrière politique.

Après avoir été secrétaire d’ambassade à Rome, Berlin, Belgrade et Madrid, puis consul général de France à Florence, il termina sa carrière au ministère des Affaires étrangères, direction Amérique du Sud, comme ministre plénipotentiaire en 1907.

Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 27 novembre 1888.

Cinquième génération

Son petit-fils, Claude-Napoléon, 5e baron de Méneval (AHH 522), président du Souvenir napoléonien et secrétaire général de la Fondation Napoléon, est membre du conseil d’administration de l’AHH. Chevalier de la Légion d’honneur.

Bulletin de l’AHH, n° 45, novembre 2003.