Destremau

Destremau, originaire d’Armagnac, est la forme francisée de d’Estrémal, de L’Estrémalz, qui se traduit par « Horizon », l’orthographe du nom ne s’étant stabilisée qu’à la fin du XVIIe siècle.

L’honorable homme Jean Destremau, consul du Houga, place forte du Bas-Armagnac en 1502, Bernard de L’Estrémau, notaire royal au Houga, cité entre 1547 et 1573, Jean de l’Estrémal, père et fils, lieutenants civils du Houga, cités entre 1571 et 1630, sont les premiers jalons connus au Houga, mais c’est à partir de Jean I Destremau (1653 – 1741), toujours au Houga, qu’une généalogie suivie a pu être établie en remontant jusqu’à l’époque contemporaine. Pour les générations antérieures, limitées pourtant à une poignée d’hommes dans un espace restreint, cette étude n’a pas permis d’établir de filiations qui puissent être présentées comme certaines.

Constituée depuis cinq siècles d’hommes de loi, d’officiers, de hauts fonctionnaires, de médecins, de cadres, cette famille appartient à ce que les sociologues contemporains appellent la classe intermédiaire, et donna quelques personnalités de premier plan comme Antoine d’Estrémau (1636 – 1685), agent diplomatique du roi aux Indes orientales, Jean d’Estrémau de La Broquère (16[40] – 1696), ministre de Bellocq-en-Béarn, Antoine Destrémau (17[40] – 1784), médecin accoucheur de la comtesse d’Artois, Maxime Destremau (1875 – 1915), l’héroïque défenseur de Tahïti en 1914, Bernard Destremau (1917 – 2002), membre de l’Institut, ambassadeur et ancien ministre.

L’expression utilisée encore aujourd’hui couramment avec respect et déférence en Armagnac, « Ces messieurs du Houga », témoigne de l’histoire et du prestige qui entourait cette ancienne place forte et ses habitants. Famille notable du Houga, en voie d’agrégation à la noblesse — Moïse d’Estrémau est qualifié d’écuyer en 1631 —, la ruine des d’Estrémau de Massé après 1685 devait changer le cours des choses ; l’installation d’un collatéral, Jean II Destremau (1699 – 1774), à Paris au début du XVIIIe siècle constitua l’origine de la branche parisienne. Les Destremau avaient tout oublié de leur histoire, n’avaient aucun document, aucun élément antérieur à 1830, et c’est tout à l’honneur des trois dernières générations d’avoir pu exhumer ce passé.

Frédéric et Gilles Destremau, Destremau, 1502 – 2002, Horizons et feux d’Armagnac et d’ailleurs, 2002.

Présentation dans le bulletin de l’AHH, n° 46, décembre 2004.