Rouvier

Fils d’une très ancienne famille languedocienne propriétaire de domaines viticoles à Mèze, près Montpellier, et de biens immobiliers à Beaucaire, Gaston Rouvier (1869 – 1950) épousa, après de brillantes études en Sorbonne, Rosalia Wehrli (1870 – 1930), petite-fille de l’ingénieur suisse Johann-Nepomul Wehrli (1789-1862), installateur du métier Jacquard à Saint-Gall, et fille de Johann-Baptist Wehrli (1830 – 1883), inventeur de la machine à broder qui devait faire de Saint-Gall la capitale européenne de cette industrie. Professeur à l’université d’Upsal, puis collaborateur d’Adrien Hébrard au journal Le Temps, chef de cabinet du Président de la République sous le ministère Rouvier (1905), chevalier à cette date puis officier et commandeur de la Légion d’honneur, maire du Vésinet (Seine-et-Oise), Gaston Rouvier fut successivement inspecteur général du ministère de l’Intérieur, chef de cabinet de Georges Clemenceau, préfet hors classe, et chargé de missions notamment à la conférence interalliée de Spa (1920), à la refonte des finances tunisiennes (1930), à l’enquête sur l’affaire Stavisky (1934), ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une œuvre d’écrivain.

Son fils, Henri Rouvier (1897 – 1979), revint de Suède, où il était en stage d’études, pour s’engager à 17 ans en 1914 au 11e cuirassiers. Blessé en 1915, plus grièvement en 1917, il recevra la croix de guerre, la médaille militaire et la croix de la Légion d’honneur. Expert du marché européen de la pâte à papier, il sera directeur général d’industries franco-scandinaves, puis représentera les firmes helvétiques, et sera conseiller du commerce extérieur de la France.

Le fils d’Henri Rouvier, le professeur Jean Rouvier, notre collègue, né en 1927, s’engage, à 16 ans, dans la Résistance, agent du service de renseignements du Mouvement de libération nationale, puis dès février 1944 fondateur et chef d’un groupe de renseignements du même réseau qui infligea de lourdes pertes à l’armée allemande ; il recevra la croix du combattant volontaire de la Résistance et la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Docteur de la faculté de droit de Paris, grand prix de thèse et prix de l’Université, agrégé des facultés de droit, professeur à l’École nationale d’administration (1959 – 1964), puis à la faculté de droit de Paris, où il est titulaire de chaire (université Paris II), le professeur Rouvier a été depuis 1960 chargé de nombreuses missions ; en outre, depuis 1973, il est le conseiller spécial de la Communauté économique européenne (C.E.E.). Enfin, chef de la Nouvelle École d’histoire des idées politiques, qu’il a fondée dès 1963, il est le premier écrivain depuis 1881 à être deux fois titulaire du grand prix Gobert de l’Académie française (1974 et 1979) pour Les Grandes Idées politiques des origines à nos jours.

Sa fille, Mme Catherine Rouvier-Mexis, assistante titulaire à l’université Paris II, et le fils de cette dernière, Adrien Mexis, continuent la tradition de servir.

Bulletin de l’AHH, n° 26, 1984.